Fin de mission pour le satellite VENUS : bilan d’une collaboration scientifique et technologique exemplaire
Le micro-satellite VENµS (Vegetation and Environment monitoring on a New Micro-Satellite) a terminé sa mission fin juillet 2024 après sept ans d’activité en orbite. Ce projet marquait la première collaboration entre le CNES et l’Agence Spatiale Israélienne (ISA), démontrant la capacité des partenariats internationaux à produire des avancées significatives en télédétection et en développement technologique. Le retour sur les étapes clés et les résultats obtenus met en lumière un projet précurseur.
Conçu comme un démonstrateur technologique, VENµS avait deux objectifs majeurs. D’abord, il devait acquérir des images répétitives à haute résolution. Grâce à une résolution spatiale de 4 à 5 mètres, une couverture spectrale de 12 bandes et une fréquence de revisite de 1 à 2 jours, il a permis de surveiller des sites répartis à travers le monde. Ces données, récoltées au cours des phases VM1 et VM5, ont alimenté des projets scientifiques internationaux sélectionnés sous la direction des PI français et israéliens : Gérard Dedieu et Olivier Hagolle pour le CESBIO et le CNES et Arnon Karnieli pour l’université Ben-Gourion. Les données obtenues ont contribué à montrer la pertinence de l’information multi-temporelle à haute résolution pour l’étude de la végétation et de l’environnement.

En parallèle, VENµS a également servi de plateforme de test pour un moteur ionique à effet Hall, un système de propulsion avancé développé par Israël. Ce moteur a permis au satellite de descendre et de se maintenir à 400 km d’altitude, malgré la traînée atmosphérique, après une première phase à 720 km d’altitude. Après cette période de test réussie, l’orbite de VENµS a été remontée à 560 km pour la phase finale d’observations scientifiques. Ces phases technologiques (de VM2 à VM4) n’ont pas été accompagnées par des acquisitions de données scientifiques.,.
Les phases scientifiques VM1 (de novembre 2017 à novembre 2020 avec une orbite à 720 Km) et VM5 (de mars 2022 à mi-juillet 2024 avec une orbite à 560 Km) ont été riches en résultats. Chaque phase a permis d’observer une centaine de sites différents et sélectionnés à travers des appels à projets scientifiques internationaux, avec des revisites tous les deux jours pendant VM1, puis 80 sites avec une observation quotidienne de certains sites durant la phase VM5. Les données obtenues, traitées aux niveaux 1C, 2A et 3A, ont été déterminantes pour le développement d’outils et méthodes comme les processeurs MAJA ou WASP, utilisés pour les produits de niveau 2A et 3A, ou la super résolution de Sentinel-2, donnant à VENµS un rôle clé dans la préparation et l’optimisation de missions ultérieures, notamment Sentinel-2.
Malgré un lancement retardé, postérieur à celui de Sentinel-2, VENµS a permis d’expérimenter et de valider plusieurs approches essentielles en télédétection multi-temporelle. Si, du fait de ce retard, son impact scientifique n’a pas totalement correspondu aux attentes initiales, le projet a permis de préparer intensivement l’arrivée des données Sentinel-2. Les données collectées par VENµS resteront d’ailleurs disponibles pour des études futures, notamment via les plateformes Theia (https://theia.cnes.fr) et ensuite GEODES.
Enfin, VENµS a ouvert la voie à de nouvelles collaborations spatiales entre la France et Israël, le projet C3IEL (Cluster for Cloud evolution, Climate and Lightning). Le succès du satellite VENµS témoigne de la pertinence des collaborations internationales et de l’importance des démonstrateurs technologiques pour le développement de futures missions spatiales.