Renseigner des variables essentielles pour la biodiversité par la télédétection

La biodiversité mondiale traverse actuellement une crise majeure qui entraîne la dégradation des écosystèmes, de leurs fonctions et donc des services qu’ils rendent à l’humanité. Sa préservation est ainsi devenu un défi central pour le développement durable à l’échelle nationale, européenne (Natura 2000 et directive Habitat) et internationale (Convention sur la Diversité Biologique, 2011-2020).

La disponibilité croissante d’images satellitaires en accès libre comme les nouveaux modes d’analyse des données peuvent contribuer à atteindre les objectifs de conservation de la biodiversité en renforçant les processus de suivi à diverses échelles spatiales et temporelles. L’accès libre et gratuit aux données a ainsi un impact direct sur notre capacité à mesurer l’impact des pressions anthropiques, offrant de nouvelles opportunités à prédire les conséquences des changements à différentes échelles et à rendre les mesures d’atténuation plus efficaces. 

Les variables essentielles pour la biodiversité

Le concept de variables essentielles de la biodiversité (VEB, ou EBV en anglais) veut aider à structurer le suivi de la biodiversité à l’échelle mondiale, ainsi qu’à harmoniser et normaliser les données sur la biodiversité provenant de sources hétérogènes, afin de saisir un nombre minimal de variables critiques pour étudier, rapporter et gérer les changements de la biodiversité. Les observations de télédétection multitemporelle (RS) sont particulièrement pertinentes pour quantifi er automatiquement la perte, la dégradation et la fragmentation des habitats. Elles permettent également d’optimiser la collecte de données sur le terrain en se concentrant sur les sites représentatifs, avec des rapports coût-effi cacité nettement améliorés. Dix variables candidates dérivées de la télédétection spatiale ont récemment été identifiées et désignées sous le terme de VEB télédétectées ou VEB accessibles par télédétection (RS-EBVs) (Skidmore et al., 2015, Pettorelli et al., 2016a;).

  • Pettorelli, N., Wegmann, M., Skidmore, A., et al. (2016) «Framing the concept of Satellite Remote Sensing Essential Biodiversity variables: challenges and future directions.» Remote Sensing in Ecology and Conservation 3(2): 122-131
  • Skidmore, A.K., Pettorelli, N., Coops, N.C., et al. (2015) «Agree on biodiversity metrics to track from space». Nature 523: 403-405.

Parmi les défi s actuels à une meilleure contribution de la télédétection à la conservation de la biodiversité, renforcer les cadres de collaboration multiples entre scientifiques de la télédétection, biologistes de la conservation et écologues est nécessaire pour améliorer l’efficacité des méthodologies et des stratégies de conservation.

Samuel ALLEAUME & Sandra LUQUE (Irstea, Tetis)

Pour aller plus loin, le CES Paysage, qui sera lancé début 2019, veut identifier différents indicateurs, dont des paramètres de paysages à diverses échelles. En offrant un suivi de la fragmentation du paysage ainsi que de l’altération des habitats naturels, ces indicateurs contribueront à la conservation de la biodiversité.
www.theia-land.fr/fr/ces-paysage


Un numéro spécial de Methods in Ecology and Evolution (MEE) en août 2018 a réuni un ensemble d’articles donnant des exemples concrets et opérationnels de méthodologies utilisant les satellites pour une gestion efficace : Luque, S; Pettorelli, N; Vihervaara, P; Wegmann, M. 2018. « Improving biodiversity monitoring using satellite remote sensing to provide solutions towards the 2020 conservation targets »; MEE 9(8):1784-1786 DOI: 10.1111/2041-210X.13057

Dans leur contribution au numéro spécial, Alleaume et al. montrent l’intérêt de tirer parti de multiples sources de données de RS offrant des résolutions spatiales complémentaires et de revisiter les capacités pour se concentrer sur cinq VEB candidates relevées dans des écosystèmes ouverts naturels et semi-naturels (c’est-à-dire excluant les forêts fermées, les zones urbaines et agricoles).
Il s’agit d’une méthode générique pour dériver des indicateurs basés sur : i) la distribution des écosystèmes, ii) la couverture terrestre, iii) l’hétérogénéité, iv) la productivité primaire et v) la phénologie végétale.

Alleaume S., Dusseux, P., Thierion, V., Commagnac, L., Laventure, S., Lang, M., Féret, J.B., Hubert-Moy, L., Luque, S. (2018) “A generic remote sensing approach to derive operational Essential Biodiversity Variables (EBVs) for conservation planning”, MEE, 9(8) : 1822-1836 DOI 10.1111/2041-210X.13033

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