Biomass Carbone Monitor, un site pour suivre les puits de carbone à l’échelle planétaire

Le 29 octobre 2021 a été lancé le Biomass Carbon Monitor, la première plateforme géospatiale capable de mesurer le rôle des forêts dans la séquestration carbone par l’observation des changements de la biomasse.

Kayrros, en partenariat avec l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (INRAE) et le Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE), a élaboré cet outil sur la base de 30 ans de recherches. L’équipe INRAE impliquée dans le CES Épaisseur optique de la végétation a contribué à quantifier les changements annuels de la biomasse, indicateur permettant de déterminer le rôle que jouent les forêts dans la réduction de la quantité de carbone présent dans l’atmosphère.

Les données du Biomass Carbon Monitor sont issues de mesures systématiques de l’émission micro-ondes des surfaces terrestres par le satellite SMOS de l’Agence Spatiale Européenne (ASE), combinées à des algorithmes particulièrement évolués.

Évolution des puits de carbone à l'échelle mondiale, 2011-2021
https://carbonstocks.kayrros.com/
Évolution des puits de carbone à l’échelle mondiale, 2011-2021
https://carbonstocks.kayrros.com/

Les puits de carbone sont de plus en plus au Nord

À l’échelle globale, ces données documentent comment certaines régions de l’hémisphère nord stockent le carbone, tandis que les régions tropicales touchées par la déforestation se révèlent émettrices. À l’échelle mondiale, 760 millions de tonnes de carbone (Mt) ont été éliminées de l’atmosphère chaque année au cours de la dernière décennie – compensant près de 8 % des émissions de CO2 associées à la consommation d’énergies fossiles et à la production de ciment au cours de cette période.

Évolution globale pour la Chine, 2011-2021.

Ainsi, ces données mettent en évidence un important puits carbone dans la partie sud de la Chine (Yunnan, Sichuan, Chongqing, Guizhou, Guangxi et Guangdong, y compris Hong-Kong et Macao). Il représente un gain de l’ordre de 80 Mt de carbone par an depuis 10 ans. Sa formation est certainement due à la repousse de la végétation favorisée par les programmes publics de reboisement et de restauration, de meilleures pratiques de gestion forestière et l’amenuisement de la pression par les populations locales sur les bois et forêts.

Elles permettent aussi d’identifier le rôle joué par les zones forestières de Russie occidentale. Dans les districts fédéraux du Centre, du Caucase du Nord, du Sud et de la Volga, 100 Mt de carbone chaque année entre 2011 et 2020, ont été séquestrées – davantage que l’intégralité des forêts de l’UE. Le recul des terres agricoles et la hausse des températures printanières pourraient avoir favorisé la croissance de la végétation dans la région.

Les données indiquent qu’en Amérique du Nord – dans les régions du nord-est, du Midwest et du sud-est des États-Unis ainsi que dans les Caraïbes – la biomasse a également augmenté, prélevant environ 93 Mt de carbone par an sur les dix dernières années.

Évolution globale pour le Brésil, 2011-2021.

Dans les régions tropicales, à l’inverse, le remplacement des forêts primaires, riches en carbone, par des plantations et la dégradation forestière expliquent l’affaiblissement du stockage du carbone dans cette région : le Brésil (perte de 40 Mt par an) et la Bolivie (perte de 20 Mt par an) sont de tristes exemples de cette évolution.

Le bassin du Congo (gain de 45 Mt par an) et l’Asie du Sud-Est (gain de 30 Mt par an) demeurent, néanmoins, des puits de carbone.

Le Biomass Carbon Monitor fournit des données depuis 2011, qui seront mises à jour quatre fois par an. Il apporte aux gouvernements, aux gestionnaires forestiers, aux agences de protection des forêts et aux citoyens des informations validées scientifiquement pour suivre les changements des stocks de carbone contenus dans les forêts et mesurer les pertes induites par des évènements climatiques extrêmes, quasiment en temps réel.

Le communiqué de presse officiel

Contact

Jean-Pierre Wigneron
INRAE | SMOS-IC
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