RedGems : les maladies infectieuses vues de l’espace

Re-émergent Diseases, Global Environment Monitoring from Space, ou RedGems, a pris naissance à MEDIAS-France (GIP) il y a à peu près 20 ans sous la vision d’Yves M. Tourre (MEDIAS-France) et du Dr. Antonio Güell, Murielle Lafaye et Cécile Vignolles du CNES. RedGems a ainsi valorisé le nouveau concept de la « télé-épidémiologie » alors en pleine évolution au CNES.

Ce concept intègre les changements climatiques et environnementaux au travers de la télédétection – imagerie spatiale à l’époque – dans l’étude des conditions d’apparition des maladies infectieuses. Cette approche conceptuelle a fait l’objet d’un dépôt de brevet par le CNES en 2009 intitulé « Procédé et dispositif d’établissement de carte représentative de zones de risque de prolifération d’une maladie infectieuse transmissible par l’air, l’eau ou des vecteurs ».

Basé sur la co-construction avec les acteurs locaux de la santé, il s’agit de mettre à leur disposition les outils/produits/indicateurs spatiaux pour surveiller l’émergence et l’évolution de maladies infectieuses (d’abord) telles que la Fièvre de la Vallée du Rift, le Paludisme ou la Dengue. Beaucoup de ces travaux sont bien connus des utilisateurs de Theia car développés dans le cadre du CES Risque Maladies Infectieuses.

Des systèmes d’alerte précoce

Aujourd’hui, RedGems constitue ainsi un outil à utiliser pour définir et mettre en place des Systèmes d’Alerte Précoce (SAP) des épidémies et des pandémies, telles que la COVID-19. (Lire encadré)

Il propose aux chercheurs et aux utilisateurs un important répertoire avec son historique des recherches menées dans le domaine à l’échelle mondiale et locale qui joue ainsi un rôle central dans l’animation de la communauté. La consultation actuelle du site atteint une moyenne de 50 visites par jour pour un total en 2020 (Janvier-Octobre) de 165 774. Il propose un contenu pluridisciplinaire, mêlant santé publique (30 %), climat et environnement (10 %), Outils spatiaux (15 %), Projets Multiples (45 %). Certaines données sont distribuées en format csv (Excel) pour traitement par les usagers.

L’ambition actuelle de RedGEMS est d’améliorer sa visibilité et de mieux répondre aux besoins et attentes de ses utilisateurs qui devraient bientôt être consultés. Une partie de cette stratégie va s’appuyer sur une coopération active et des liens renforcés avec Theia et le CES Risque Maladies Infectieuses dont certains des produits répondent aux priorités de RedGEMS. Un autre axe est de mieux faire connaître des travaux innovants menés par la communauté RedGEMS tel ceux décrits dans un article à paraître dans la revue Geospatial Health d’ici la fin de l’année sur la COVID-19 et les outils spatiaux (CNES-ESA-NASA-JAXA).

Des produits spatiaux pour la surveillance en temps réel de la COVID-19

Différents travaux ont fait le lien entre la diffusion de la COVID-19, les variations chimiques de l’atmosphère et la pollution de l’air. Les concentrations en dioxyde d’azote (NO2) et en particules fines (PM10 et PM2.5) peuvent être responsables de la surexpression de l’enzyme de conversion de l’angiotensine-II (ACE-2) dans les cellules respiratoires humaines.

La surveillance spatiale devient dès lors un outil crucial pour le suivi spatio-temporel de la maladie. Fournir aux systèmes d’information sur la santé des proxies de la pollution atmosphérique et chimique dans la couche limite de l’atmosphère, basés sur les données des agences spatiales – le CNES, l’ESA, la NASA, la JAXA, l’ASI, l’ASC, l’INPE, entre autres, permettrait ainsi aux décideurs impliqués dans la santé publique de surveiller en temps réel les risques de COVID-19. (Tourré et al., 2021, sous-révision, Geospatial Health).

L’évolution de la concentration de NO2 dans le nord de l’Italie.
Imagerie de la moyenne mensuelle des niveaux de concentration de NO2 (µmole/m2) dans la colonne troposphérique, mesurée par le satellite Copernicus Sentinel-5P avant, pendant et après la période de confinement sur la plaine de Padana. Le confinement ayant commencé en mars 2020, la baisse des niveaux de NO2 est particulièrement visible sur les cartes d’avril-mai 2020. (voir la figure ci-contre de l’Union européenne, Copernicus Sentinel-5P, juillet 2020)

Yves TOURRÉ

MEDIAS-France RedGEMS

www.redgems.org/

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